Journal d’un trek

Jbel Aklim 15 au 17 Octobre 2015

La proposition qui m’a été faite de tenter une sortie avec l’ARS (Association des randonneurs solidaires) m’a séduit. Cela devrait me permettre d’élargir mon champ de rencontres et de faire des circuits que je n’ai peut-être pas faits jusqu’à présent aussi bien en solitaire qu’avec mon club.

Ce coup-ci, ce sera Jbel Aklim, dans la région de Tata.

15 0ctobre.

Hanane, Chérifa et leur amie Amal viennent de Rabat et passent me prendre près de la station de tram de l’Oasis. C’est à mon sens le point le plus proche et le plus pratique pour leur éviter de rentrer dans le dédale de Casablanca.

Avec tout mon barda (tente, matelas, sac de jour et cabas, plus tente et matelas pour Hanane) j’arrive tant bien que mal à la station ou elles ne tardent pas à me rejoindre.

Présentation d’usage car c’est la première fois que je rencontre Amal qui travaille à la Direction des impôts à Rabat.

Voyage sans encombre. Je prends le volant dès l’aire de repos à la sortie de Berrechid. C’est la première fois que je conduis une Tigouane. Quelques minutes d’adaptation. Normal.

On quitte l’autoroute à Amsekroud en direction de Taroudannt.

A Taroudannt, on s’arrête à Jnane Soussia. Point de ralliement d’une partie du groupe.

Joli espace avec jardin et grande terrasse. Je fais connaissance avec les autres membres du groupe (Amina, Présidente de l’Association, Noureddine, organisateur de la sortie, Abdallah, Amina « 2 » et Lahcen, un autre « invité », comme moi.) On déjeune sur place : salade marocaine et tagine. Repas de bon aloi. Le temps de prendre un bon thé et c’est déjà le départ annoncé par Noureddine.

Direction Ighrem qu’on traverse sans nous arrêter puis Issouane où on laisse les voitures dans un bout de piste en cul de sac, en contrebas d’une station relai de téléphone. Je sens que l’organisation va être parfaite car une tente est déjà plantée près de l’espace de stationnement pour abriter le gardien des voitures durant notre absence.

Parquer les voitures en marche arrière à cet endroit s’avère quelque peu délicat en raison de la faible largeur de la piste et de l’existence d’un ravin profond sur le côté gauche de la voie

Les muletiers au nombre de 5 sont déjà là pour transporter les bagages. On rencontre les autres membres du groupe (Youssef, Amine et Yassine) ainsi que Mahjoub enseignant dans le village où nous allons passer la nuit et Miloud qui va être notre accompagnateur durant notre séjour.

On s’engage dans une descente plus ou moins forte qui va nous emmener, au bout d’une trentaine de minutes à une excavation à l’entrée d’une gorge où coule un ruisseau fraichement sorti d’une source à proximité.

Les plus jeunes font trompète.

Un gouter est déjà prêt : Thé, café au lait, huile, amlou, olives… Ca tombe bien. Chacun y va aussi franchement qu’il peut.

Durant la descente, je fais exprès de rester derrière. Il faut voir comment évolue le groupe et bien analyser le comportement de ses éléments… Amine, Youssef et Younès font quasiment cavaliers seuls. Je me rendrai compte que le premier le fera tout le temps.

Après la pose goûter on traverse le lit sec d’un oued et on entame une longue ascension. En dépit du devoir de réserve que je me suis imposé dès le départ, je me trouve quasiment happé dans le sillage de ce jeune qui a gardé tout son barda sur le dos et qui monte le chemin à bonne vitesse. Je quitte volontairement son sillage pour éviter qu’il pense que je cherche à faire la course. Je traverse le lit de la rivière et monte directement en flan de montagne de l’autre coté du chemin. La roche volcanique me donne une bonne adhérence et me facilite l’ascension. On se rejoint au sommet et faisons le chemin ensemble jusqu’au village de Win Lkhir, village berbère d’une dizaine de familles perché à 1500 mètres d’altitude. Notre étape de cette nuit.

A l’approche du village, je suis surpris pas l’habillement des gens que je rencontre, 3 ou 4 jeunes ainsi que des enfants, habillés très proprement. J’aurai dit des habits de fête.

On nous indique l’emplacement de notre gite. C’est haut perchée par rapport aux autres maisons construites sur la pente.

Tout s’explique. Devant la porte se tiennent, de chaque coté du chemin, deux rangées de jeunes, garçons et filles en habits de fête, pour accueillir les arrivants : nous. Deux plateaux de traditionnel lait et dates nous sont offerts. Amine et moi préférons attendre les autres pour leur faire cet honneur Après tout c’est prévu pour l’ARS, pas pour deux randonneurs – fugueurs.

Les autres nous rejoignent environ 30 mn plus tard. C’est la liesse. Je constate que la plupart des autres membres du groupe sont en territoires connu.

On prend beaucoup de photos, après quoi, Mahjoub nous fait visiter les chantiers de 2 salles de classe construites sous sa supervision grâce à différents dons dans le cadre d’une association locale.

Un effort méritoire mais fourni, à mon sens, dans une situation de dilution certaine de responsabilité par rapport aux autorités locales compétentes, ce qui fait qu’à ce jour aucun cour n’est donné dans ces salles de classe et les enfants du village risquent de se voir obligés, comme par le passé, d’aller à l’école du village voisin qui se trouve à près d’une heure de marche sur une piste escarpée et dangereuse.

On retrouve notre gite pour diner (tagine de prunes et raisins) et pour nous donner à cœur joie à des danses traditionnelles locales (ahwaches).

16 octobre

Réveil à l’aube pour la plupart d’entre nous. Petit déjeuner puis ramassage du paquetage qui sera mis sur les mules

Départ à 8h30. Nous dépassons l’école et nous engageons, vers la droite, sur une descente en pente douce qui va nous emmener au flan de la montagne qui fait face à Win Lkhir. Nous entamons une progression qui va nous emmener, vers 13h30 à notre bivouac au pied du mont Aklim où nous attendent déjà les muletiers.

Ma première réaction, comme d’habitude, a été de planter ma tante le plus vite que je peux. Je pourrai au moins m’y abriter en cas d’intempérie.

Une demi-heure après notre arrivée, un repas froid consistant nous est servi.

A 16h30, Noureddine immole un beau bouc noir et blanc qui sera rôti pour diner puis on entame l’ascension du jbel objet de notre périple. L’ascension va durer une quarantaine de minutes jusqu’au sommet.

La pente est assez douce dans l’ensemble. Le plus gros a déjà été fait, soit environ 1.000 m de dénivelée depuis le village pour atteindre les 2.400 m au point culminant.

A partir du sommet, la vue est superbe surtout en direction nord, nord-ouest ou on distingue au loin les méandres d’une rivière au lit apparemment large et qui doit certainement former une grande lagune pendant les périodes de pluies. A gauche se distingue le village de Tagdichte.

Après un moment passé au sommet à prendre les photos et à nous prélasser, je constate, au loin un brouillard venant du nord-ouest. Ce n’est pas bon signe. Il faut descendre au plus vite car le temps pourrait se rafraichir. C’est ce qu’on a dû faire.

Le temps est toujours clair et ensoleillé. On arrive au bivouac vers 17h30 où nous attend un bon verre de thé. Une demi-heure plus tard, l’air commence à se rafraichir sérieusement. Allongés contre un gros monolithe sur des tapis de fortune, on a dû se couvrir. Il fait de plus en plus froid. A la tombée de la nuit, le ciel est complètement couvert. Aucune étoile.

La pluie commence. Branle bas. Aidés par les muletiers on va s’abriter dans une grotte située pas loin, derrière notre rocher. Au départ, il est question d’y passer la nuit. C’est une excavation assez large qui pourrait suffire à tout le groupe avec un peu de promiscuité mais où souffle malheureusement un assez fort courant d’air.

Un thé nous est servi suivi du repas du soir (petite salade, le bouc immolé par Noureddine mais qui a été complètement grillé, malheureusement ainsi qu’un succulent plat de trippes, dont je n’ai jamais gouté de pareille.

La pluie s’arrête. Je pense de plus en plus retourner sous ma tante où je serai certainement plus à l’aise d’autant plus qu’il y a trop de courant d’air dans cet abri de fortune. Finalement, on est nombreux à faire de même, sauf peut être Yassine et Houssine.

17 Octobre

La nuit a été assez pluvieuse dans l’ensemble mais au réveil le ciel était clair ce qui nous permet de ramasser nos affaires et nous préparer au retour après un bon petit déjeuner, occasion de nous raconter nos histoires de cette nuit.

Nous quittons le bivouac à 9h30 et prenons un chemin différent de celui de la veille, à droite de notre campement direction ouest. Miloud doit à 2 ou 3 reprises chercher le sentier qui se perd dans les rochers. Ca va presque entièrement en descente jusqu’à Amalen que nous contournons légèrement poursuivre le chemin ascendant qu’emprunte deux fois par jour les enfants de Win Lkhir pour aller à l’école qui se trouve dans ce village.

Nous arrivons à Win Lkhir à 13h30.

Chérifa qui n’a pas fait le périple avec nous vient à notre rencontre.

Petit moment de repos puis déjeuner avant de dire adieu à ces villageois gentils et hospitaliers et de marcher vers les voitures que nous atteignons vers 17 heures.

Nous devons passer la nuit à Tagmoute chez la famille de Mahjoub. Dès notre arrivée, ce dernier nous fait visiter l’oasis où un très bon gouté nous ai servi.

Je retiendrai personnellement longtemps l’image de ces enfants qui s’entrainent ardemment à faire des acrobaties dignes des plus expérimentés, le marabout Sidi Daniel en bordure du lit de l’oued, actuellement à sec.

De retour à la maison ; Mahjoub nous fait gouter un breuvage à base de leben et d’orge. J’en ai déjà entendu parler mais c’est la première fois que j’en goute. Délicieux et très nourrissant.

Notre périple se termine par un très bon diner (couscous d’orge. Un délice).

Aziz Dadsi  (Invité ARS)